Limousin
En
1549, la province
racheta les droits sur le sel en payant une somme
considérable pour l’aménagement du port de Boulogne. Ses habitants se trouvaient donc à l’abri
de la gabelle. Le sel
venait des marais salants du Bas Poitou, du gouvernement de Brouage. De nombreux commerçants et
muletiers étaient concernés par ce commerce ; en fret
retour, ils transportaient le bois du
Limousin notamment, les pierres blanches.
L’entrepôt du sel à Limoges même était le centre d’une
importante activité : on venait de l’Auvergne et de la Marche pour s’y approvisionner, tout
en faisant d’autres achats sur place. Inversement, les
Limougeauds trouvaient un complément de revenu en se
rendant aux confins des provinces pour transporter le sel.
Les habitants étaient donc attachés à la liberté de ce
commerce. Ils en tiraient également profit pour
l’engraissage des bœufs d’élevage. Un arrêt « surpris » le
3 octobre 1773 par les Fermiers
généraux fit donc réagir la ville de Limoges
qui présenta ses représentations au comte d’Artois en juin 1774
sur le motif que la Ferme cherchait à réduire
cette liberté de commerce sur les marais salants : « Il y
a peu d’années que les fermiers généraux, accoutumés à
n’avoir les yeux ouverts que sur leur intérêt personnel,
sans consulter jamais celuy des peuples, n’y peut-être
celuy de l’Etat, employent tout leur crédit pour obtenir
le privilège exclusif et la manutention entière des marais
salans du Royaume pour en distribuer à leur gré le produit
à un prix qui serait insensiblement devenu arbitraire ».Le
Limousin fut concerné à la marge par la
nouvelle ligne de douane intérieure ordonnée à l’ouest par
l’intendant du Poitou. D’abord prévue entre Civray et La Trémouille
(1723), ce qui fit passer le
bourg de Rochechouart
dans le régime de la province « réputée étrangère », le
tracé fut finalement fixé en 1752
entre Aulnay et Brigueil-le-Chantre. Toutefois,
les produits d’élevage de la région destinés à Paris
passaient surtout par les bureaux d’entrée dans le Berry : Saint-Gaultier,
Argenton et Aigurande. Vis-à-vis des bestiaux, la plus
lourde taxe contre laquelle les éleveurs se dressèrent fut
celle imposée par la caisse de Poissy sur les acheteurs et
vendeurs qui n’avaient pas recours à elle.
Sources et références bibliographiques:
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Sources archivistiques:
- AN, 745AP/42, dossier 11 sur les impositions (fonds Turgot), 1774.
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Sources imprimées:
- Arrêt du Conseil d’Etat qui, en interprétant celui du 10 février 1750, portant établissement d'une ligne sur la frontière du Poitou, limitrophe des provinces d'Angoumois, de la Marche et du Limousin, contient de nouvelles précautions pour prévenir les abus et assurer la régie et perception des droits d'entrée, de sortie et de la traite de Charente, 21 mars 1752.
- Mémoire à consulter pour les propriétaires, fermiers, nourrisseurs et marchands de bétail de la province du Limousin, contre le fermier de la caisse de Poissy, 1770, 35 p.
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Bibliographie scientifique:
- Michel C. Kiener et Jean-Claude Peyronnet, Quand Turgot régnait en Limousin. Un tremplin vers le pouvoir, Paris, Fayard, 1979.
- Michel Cassan, « Structures et dynamique des échanges commerciaux limousins aux XVIe et XVIIe siècles », Bulletin Limoges, 1995, t. 123, p. 87-102.
- Jean-Pierre Delhoume, « L'Élevage bovin en Limousin au XVIIIe siècle. Des bœufs gras pour Paris », Histoire Sociétés Rurales, vol. 22, n°2, 2004, pp. 65-101.
Limousin » (2023) in Marie-Laure Legay, Thomas Boullu (dir.), Dictionnaire Numérique de la Ferme générale, https://fermege.meshs.fr.
Date de consultation : 22/12/2024
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