Aides
Produit net des droits levés par la Régie générale en 1784 ou en 1785 par Direction Recette des droits d’aides au sein de la Direction de Lyon (1788), en livre tournois
Le maillage administratif des 152 bureaux d’aides repérés dans le Dictionnaire d’Expilly (1762-1770) ne concernait donc qu’un noyau central qui ne couvrait pas plus du tiers du royaume. Toutes les provinces périphériques (Bretagne, Artois, Flandre, Hainaut, Alsace, Trois-Evêchés, Lorraine, Franche-Comté) et une bonne moitié méridionale (Guyenne, Gascogne, Béarn, Auvergne, Languedoc, Provence, Roussillon, Dauphiné, et même la Bourgogne) bénéficiaient de régimes spéciaux. Jean-Louis Lefebvre de Bellande, dans son Traité général des droits d’aides (1760), reconnut « les difficultés que produisait le défaut d’uniformité » mais jugea qu’il était vain de vouloir simplifier ces droits qui, par leur diversité, retombaient sur un plus grand nombre de contribuables. De fait, l’administration centrale entendait augmenter les recettes des aides en assimilant à ces dernières des taxes sur de nouveaux produits comme les cartes à jouer ou les cuirs, tout en limitant les franchises dont les corps privilégiés pouvaient se prévaloir au titre des aides. L’idée générale consistait à affirmer que les franchises obtenues anciennement en matière d’«aides » par les corps et communautés ne pouvaient s’entendre pour les droits des fermes qui étaient « droit de commerce ».
Les aides constituaient
globalement une recette importante. Le prix du bail
Rouvelin passé le 25 septembre 1663 s’élevait à 13, 72 millions de livres pour une
année. Colbert en augmenta
le produit global, mais reconnut en 1681 que la multiplicité des droits en
rendait la perception malaisée. Le bail Ferreau (1703-1708) fixa le prix des droits d’aides et entrées
ensemble à près de 15 millions et le bail Carlier (1726-1732) à 32 millions. Entre ces deux dernières dates,
de nouveaux droits s’étaient adjoints : ceux de courtiers-jaugeurs, d’inspecteurs aux boissons et aux boucheries, et les
quatre sols pour livre d’augmentation. En outre, les prix
des marchandises elles-mêmes avaient progressé et la
gestion de la Ferme s’était améliorée. Le 2 janvier 1781, Germain Jean-de-Dieu
Baron, caissier de la Régie générale, certifia une recette de 42
millions. A cette époque, Necker avait détaché la gestion des aides de la Ferme
générale pour la confier à une régie. Créée en 1777, cette Régie générale fit
l’admiration de ces contemporains pour la rigueur de son
administration et de sa comptabilité. L’historien dispose de données
comptables plus sûres pour les dernières années de
l’Ancien régime. Voici la recette annuelle de la Régie Henri Clavel par Direction des aides du centre de la France pour l’année 1784 (ou 1785 pour certaines directions). Proportionnée à la population, cette recette variait néanmoins selon l’importance des droits de marque de fer ou de marque d’or et d’argent, mais aussi selon l’importance de l’industrie du cuir, de l’amidon, du papier. Sur l’ensemble des droits étaient levés des sols pour livre.
On observe un pic de fraude en Picardie entre 1768 et
1773 qui n’apparaît pas
en Beaujolais. En revanche, les deux courbes
deviennent similaires à partir de
1779
avec sans doute un renforcement des contrôles lors
des baux Clavel et Kalandrin. A cette
époque, les fraudeurs, enhardis par l’esprit
patriotique qui soufflait sur les villes, jugeaient
leurs actes légitimes au regard des vexations abusives du
fisc et des conditions économiques difficiles. Ils
recouraient à une rhétorique succincte mais
compréhensible dans l’ordre de l’économie morale :
« chacun fait son métier et se procure la
subsistance comme il peut » déclarèrent deux d’entre
eux surpris par les commis des aides dans l’élection
d’Amiens (24 décembre 1768).
Sources et références bibliographiques:
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Sources archivistiques:
- AD Somme, 1C 2449 à 2451, élection d’Amiens.
- AD Rhône, 4C 607 à 614, élection de Villefranche.
- AN, G2 103, Sommier des produits de la Régie générale Henri Clavel, 1780-1786. .
- AN, D VI, dossier 17, procès-verbal du 9 décembre 1789.
- AN, G2 125, registre.
-
Sources imprimées:
- Vues générales sur l’impôt des aides, les inconvénients de sa suppression et la possibilité de sa réforme, 1789.
- Arrêt du conseil d’Etat qui nomme le sieur Henri Clavel régisseur des droits compris dans la Régie générale, 15 septembre 1780.
- Jacques Necker, Compte-rendu au Roi, Paris, Imprimerie royale, janvier 1781, p. 91 et 106.
- Jean-Louis Lefebvre de Bellande, Traité général des droits d’aides, 2 vol., Paris, chez Pierre Prault, 1760.
- Pierre Clément, Lettres, instructions et mémoires de Colbert, t. II, Paris, p. CIII.
- Jean-Louis Moreau de Beaumont, Mémoires concernant les droits impositions en Europe, tome 3, Paris, Imprimerie royale, 1769, p. 277-472.
-
Bibliographie scientifique:
- Aline Logette, « La Régie générale au temps de Necker et de ses successeurs, 1777-1786 », Revue historique de droit français et étranger, 1982, vol. 60, n°3 p. 415-445.
- Gustave Dupont-Ferrier, « Histoire et signification du mot « aides » dans les institutions financières de la France, spécialement aux XIVe et XVe siècles », Bibliothèque de l'Ecole des Chartes, 1928, t. 89, p. 53-69.
- Thierry Claeys, Les institutions financières en France au XVIIIe siècle, Paris, SPM, t. 1, 2011, p. 286-287.
- René Le Mée, Les villes de France et leur population de 1806 à 1851, dans Annales de démographie historique, 1989. Le déclin de la mortalité, p. 321-393.
- Julien Villain, Le commode et l’accessoire. Le commerce des biens de consommation au XVIIIe siècle. Lorraine, v. 1690-v. 1790, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2021.
- William J. Ashworth, Customs and Excise: Trade, Production and the English Customs and Excise, 1640-1845, Oxford University Press, 2003.
Aides » (2023) in Marie-Laure Legay, Thomas Boullu (dir.), Dictionnaire Numérique de la Ferme générale, https://fermege.meshs.fr.
Date de consultation : 22/12/2024
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