× Papier timbre Petites gabelles Etats provinciaux Bateau-maire Dieuze Franc-Lyonnais Lieues limitrophes Conflits de juridiction Bureau des privilegies Delivrance Conge de remuage Peyriac et Sigean Sel de salaison La Rochelle Regie des accises de Prusse Guerande Richelieu (ville de) Douane de Lyon Vin Conseil (de la Ferme generale) Traites Contrebande Turenne (Vicomte) Pays de Salines Darigrand Edme-François (1735-apres 1796) Agenais Allemagne Sel gris Descente(s) Le Havre Brouage Proces-verbal Clermontois Traite de Tadoussac Seine (bassin de la) Cartes (droits sur) Vexations Cuirs et peaux (droits sur) Privileges Prohibition Alsace Droits reserves Touques Cabaret, cabaretier Remontrances Boucher, boucherie (droits) Annuel (droit) Tabac etranger Tonneins Welferding (Sarreguemines) Franche-Comte Patente du Languedoc Bearn Marque d'or et d'argent (droits) Bordeaux Adjudicataire Traite d'Arzac Pancarte Sedan (principaute) Faux-saunage Regrat, regrattier Franc-sale Billet sommaire Lyon, Lyonnais Tremie Denier Saint-Andre Maitre des ports Grenier a sel Registre sexte Rebat (feuille de) Agent Quetes Visite de bateaux Billet de finances Rosiere, Rosieres Commis aux caves Gros (droits de) Indult (droit) Passavant Bureau de conserve Penthiere Dechet Aigues-Mortes Sel de franchise Flandres Billet de gabellement Rochefort Peccais Espagne Bourgneuf (baie de) Canada Provinces a l'instar de l'etranger effectif Ferme generale Roussillon Serment de catholicite Porte-a-col Normandie Depot (magasin general de sel) Douane de Valence Ordonnances Trepas de Loire Picardie Mur des Fermiers generaux Bureau du contentieux Traite d'Anjou Traite des noirs Re (ile de) Inscription de faux Registre-journal Boissons (droits d'inspecteurs aux) Banvin (privilege du) Traite de Charente Sete Levant Huiles et savons Limousin Quatrieme (droits de) Sel d'aumone Provinces reputees etrangeres Domaine d'Occident Riviere (droits de) Fraude Pays-Bas (espagnols puis autrichiens) Arles Peche Suisse Pont-de-Beauvoisin Dieppe Maspfenning (droit de) Labourd (pays de) Rethel, Rethelois Privilegies Passe-debout Marque de fer (droits sur) Provence Domaine Berry Controle des actes (droits de) Regie generale des aides Benefices (de la Ferme generale) Sac, sacquerie Patache Peages Berre (salins de) Lorraine Alun (droits sur) Deliberation Angleterre Marseille Soldat Nassau (Maison) Montcornet Registre Passeport Bayonne Boutavant Transit Papiers et cartons Table de mer Inventaire Barriere d'octroi Joigny (droit du pont de) Masse Maconnais Gex (pays de) Porteur de sel The Provinces des Cinq grosses fermes Camargue Hotel des Fermes Amidon (Droits sur) Fonds de ferme Courtiers-jaugeurs (droits) Sucre Rochechouart Bande, banditisme Sel de salpetre Authie (riviere) Montmorot Intendant Aides Cour des aides Champagne Subvention (droits de) Bandouliere Foraine Declaration Hainaut Ingrandes Bretagne Dombes Passavant (seigneurie de) Gascogne Caution, cautionnement Anjou Grandes gabelles (pays de) Quart Bouillon (Pays de) Colonies Voiture (de sel) Sel de morue Receveur particulier Huitieme (droits de) Ecrou pour fraude Mandrin Louis Drogueries et epiceries Depots (regie des) Salines (marchandises de) Dunkerque Etain Eaux-de-vie Pays redimes Nantes Bourgogne Biere Bon de masse Directeur, direction des fermes Rouen Sisteron Comtat-Venaissin Tabac Minot Touraine Droits reunis Acquit a caution Juridiction des traites Receveur general des fermes Sous-ferme Croupe, croupier Acquit de paiement Artois Septemes (Les Pennes) Cafe Arc-et-Senans Comptes, comptabilite Auvergne Election, elu Languedoc Toiles de coton (blanches peintes et imprimees) Brigade, brigadier Allege Salins Clerge Compagnie des Indes orientales Cambrai, Cambresis Paris (freres) Dieppedalle Sault (comte de) Cinq sous (droits) Registre portatif Gabelles Rhone Dauphine Sel d'Epsom Accommodement Visite Sols pour livres (sur le droit des fermes) Savoie Acte de societe Amende Bail Bureau des Finances Bureau du commerce Commission Contrainte Controleur Inspecteur Montauban Poitou Proces des Fermiers generaux Femmes et filles Rebellion Retraite Saisie Tournee Fermier general de correspondance Sel national Douane Droits d'entree a Paris Banlieue (droits de la) Entrepot (de transit)



Seine (bassin de la)

Marie-Laure Legay





Voie de circulation majeure des denrées et marchandises, la Seine constituait l’épine dorsale d’un vaste bassin qui coïncidait pour grande partie avec le ressort des Cinq grosses fermes. Depuis Châtillon sur Seine jusqu’au Havre, ce cours d’eau naturel était emprunté par de multiples bateaux et voitures halées, essentiellement au printemps et à l’automne. Comme les autres fleuves du royaume, la Seine faisait l’objet de nombreuses installations de contrôle, biscayennes, pataches et de bureaux de droits situés aux points stratégiques. L’ordonnance royale des Eaux et Forêts d’août 1669 désigna le fleuve comme voie navigable. Il appartenait donc à la Couronne même si les concessions de juridiction et de police furent multipliées. Péagistes, gardes-ports, inspecteurs-contrôleurs sur le placement des bateaux, voyers, régisseurs, fermiers… formaient une armada d’ayants-droit.

La politique fiscale consista au cours du XVIIIe siècle à supprimer les offices (par exemple ceux des gardes-ports en 1709, ceux des maîtres des ports en 1716 …) pour installer préférentiellement des régies d’une part, et à réduire les obstacles à la navigation des marchands pour faciliter le commerce d’autre part. De ce point de vue, la commission des péages établie en 1724 permit de limiter les privilèges les moins bien fondés. Déjà en 1633, marchands et voituriers de la Seine s’étaient plaint de ce que les seigneurs exigeaient une infinité de péages. Le gouvernement tenta de les racheter en créant les droits dits « de rivière » par la déclaration du 12 janvier 1633. Après 1724, plusieurs péages particuliers furent supprimés, comme celui du pont de Mantes dû sur les bateaux de sel en 1729. D’autres, en revanche durent être confirmés. A Mantes toujours, le péage sur les bêtes à pied fourché passant sur le fleuve appartenait au sieur de Montesquiou, engagiste du Domaine ; il fut maintenu en 1745. In fine, on peut distinguer trois secteurs fiscaux concernant le trafic marchand : en aval, depuis Le Havre jusqu’à Caudebec, les recettes des bureaux de traites, Domaine d’Occident mais aussi des droits d’abord et de consommation sur les poissons, dominaient. Les ports de la direction de Rouen (Le Havre et Rouen notamment) recevaient de toute l’Europe et de la Méditerranée les huiles, le charbon, la soude, les métaux, les vins ; mais aussi des îles, le sucre ou le café… soumis aux droits de douane et droits du Domaine d’Occident.

Le contrôle du trafic nécessitait un maillage serré de brigades sur terre et sur le fleuve. La Ferme générale entretenait des pataches à Quillebeuf, au Trait, à Jumièges, à Saint-Pierre-de-Manneville, à Sahurs, à Val-de-la-Haye, à Petite-Couronne, à Dieppedalle, à Rouen, à Caudebec pour éviter l’entrée dans les Cinq grosses fermes en fraude des droits du tarif de 1664. La Direction des traites de Rouen doublait ces pataches ou brigades fluviales de brigades terrestres installées à Mesnil sous Jumièges, Duclair, ou Saint-Georges l’Abbaye. Consacrées au trafic commercial, ces brigades ne doivent pas être confondues avec celles qui contrôlaient le faux-saunage. Toutes les denrées et marchandises n’étaient pas destinées à Paris ; d’aucunes étaient acheminées vers la Picardie, par l’Oise ou par voie terrestre. Troisième port colonial à la fin de l’Ancien régime, Rouen souffrait cependant d’un défaut de fret retour, de sorte que le trafic de la Seine était plus important à la remonte qu’à la descente. Au XVIIIe siècle, on estime que le fleuve assurait plus d’un tiers des volumes arrivant dans la capitale. Cent à cent cinquante unités fluviales naviguaient sur la basse Seine d’après Léon Cahen. A Mantes, où certains bateaux passaient plusieurs fois par an, on compta 246 passages en 1781, 353 en 1784, 383 en 1785.

Le deuxième secteur, centré sur les confluences et donc la capitale, accueillait les bureaux des droits de rivière établis surtout sur les vins et eaux-de-vie, ainsi que les droits d’entrées dans la capitale. Le bassin versant enfin, disposait également de bureaux des droits de rivière jusqu’à Montereau, puis des bureaux de traites de la Direction de Langres : bois du Morvan, vins de Bourgogne, blés, sables et cailloux, pierres de taille… y étaient taxés. La fraude des droits se révélait plus difficile sur le fleuve que sur voie terrestre à cause du caractère contraint de la navigation fluviale. En revanche, tous les autres droits que levait la Ferme dans les bourgs riverains et qui ne concernaient pas directement le trafic, mais plutôt la consommation (droits d’aides, subvention, droits réservés, droits rétablis…) étaient comme ailleurs dans le royaume, sujets aux pratiques frauduleuses. On constate notamment de vives contestations dans les localités situées en amont de Paris. A Corbeil par exemple, les habitants menacèrent d’assassiner les commis de la ferme « dans le temps qu'ils faisoient leur ronde et veille et pour cela s'estans attroupez, plusieurs ensemble avec sabres, des batons à deux bouts, et d'autres armes » le 11 janvier 1693 (arrêt du 20 janvier 1693), mais aussi le 28 décembre 1770, le 1er septembre 1774, le 21 décembre 1775, périodes au cours desquelles la tension sur les prix était maximale.

La Ferme générale défendait des intérêts antagonistes : comme transporteur, elle faisait valoir ses titres pour la décharge de droits sur le sel, vis-à-vis des maîtres de pont qui assuraient le pilotage en certains endroits délicats, vis-à-vis du plancager-courbager, officier chargé de l’entretien des rives, ou encore vis-à-vis de certains péagers. François Ier avait converti en argent les péages de la Seine qui s’exigeaient jusque-là en sel (1546) et avait reconnu à quelques propriétaires seulement le droit de continuer un prélèvement en nature : la maison de Saint-Cyr et l’abbaye de Saint-Denis pour le péage de Saint-Denis, la maison de la Rochefoucauld pour le péage de La Roche-Guyon. De même les tabacs, comme toutes les marchandises destinées au service du roi, étaient exemptés des droits de péage. Comme agent fiscal en revanche, la Ferme générale tirait profit du trafic commercial et assignait les marchands récalcitrants à reconnaître les droits des diverses régies associées à la compagnie.

Le transport du sel: La Ferme générale était sujette aux péages des particuliers reconnus par le roi. Au total, les comptes des péages font voir que les voitures de sels pour une année, réglaient dans le ressort des grandes Gabelles pour plus de 10 000 livres de droits sur un an ; 11 054 livres en 1782 (2e année du bail Salzard) ; 10 721 livres pour 1785 (5e année), le tout pour la Seine et ses affluents. En revanche, la Ferme contesta les prétentions de certains ayants-droit. Lorsque Michel Beaugrand, pourvu de l’office de voyer du roi en 1720, réclama des droits sur le bateau des gabelles commandé par François Langlois, l’adjudicataire fit valoir l’article XXII et CCX du bail Domergue pour rappeler que « les administrateurs et régisseurs des gabelles de Sa Majesté [étaient] exemts de tous droits pour raison des navires et bâtimens employez pour les fournissemens des sels des dépôts et greniers ». Beaugrand se pourvut par devant le parlement de Rouen qui confirma ses prétentions, mais le Conseil du roi arbitra en faveur de la Ferme (1723). Le sel du roi circulait en abondance. En 1783 par exemple, 79 028 sacs de sel remontèrent le fleuve depuis Dieppedalle. Chargé dès février ou mars à Marennes par les caboteurs français ou étrangers, ils remontaient depuis Le Havre ou Honfleur jusqu’à Rouen et Paris. Les Fermiers généraux payaient le coût du fret maritime (25 à 35 livres par muid), le fret fluvial, le péage de La Roche-Guyon (2 septiers de sel) pour acheminer ce sel jusque dans la capitale.

   Pour contrôler le débarquement des salines, la compagnie des Fermiers généraux établit un bureau de contrôle au Pecq, celui de Rouen ne parvenant pas à lui seul à faire l’inspection de tous les barils. Le 13 mai 1718, trente faux-sauniers entrèrent en lutte avec les archers (arrêt de la Cour des Aides, 2 juin 1718). Le directeur des gabelles de Rouen réunit en 1727 les principaux négociants de la ville, avec l’avocat, le procureur de la ferme et le contrôleur du bureau de Pecq. Cette concertation visait à engager les négociants à prendre leurs acquits à caution pour toutes les salines destinées au Naport du Pecq. Dans ce village installé dans une boucle de la Seine, au pied du château de Saint-Germain-en Laye, le bureau fut donc renforcé avec un capitaine général servant de contrôleur aux appointements de 1 000 livres et deux gardes à 300 livres, pour exécuter les articles V et VI du titre XV de l’ordonnance de mai 1680. Trois registres devaient être tenus dans ce bureau : un registre des déclarations et passavants des lieux de l’enlèvement des salines, que les marchands ou voituriers devaient remettre avant le débarquement des bateaux en joignant les lettres de voiture ou acquits à caution ; le second registre reprenait les acquits à caution et passavants avec le nom du bureau, la date, le numéro, le nombre de marchandises ; le troisième enregistrait les certificats de décharge. Ce bureau était subordonné au grenier à sel de Poissy, distant d’une lieue (environ 4 kilomètres). Les employés étaient donc payés par le receveur du grenier ; le capitaine rendait compte de son activité au receveur qui, au besoin, informait le contrôleur général des gabelles du département. Le receveur du grenier se rendait une fois par semaine au bureau pour vérifier les registres. En tant qu’agent fiscal, la Ferme générale profita naturellement du trafic intense qui animait la Seine depuis Le Havre, Rouen, jusqu’à Paris, puis Nogent, Troyes et en amont, Bar-sur-Seine, terre de vignoble. Divers droits se levaient d’après les ordonnances sur les aides, mais les marchands durent également tenir compte de nouvelles régies établies sur le fleuve.

  Droits de consommation et de commerce: La Ferme générale levait des droits sur les vins, les poissons, le denrées…. Les droits d’abord et de consommation sur les poissons étaient levés par la Ferme sur tous les poissons frais, secs ou salés qui venaient des ports de Normandie pour être consommés dans les villes et lieux le long de la rivière (ordonnance des aides de 1681, articles IX à XI). Rappelons que la capitale était alimentée en marée du jour par le port de Dieppe essentiellement. Toutefois, les aloses qui remontaient le fleuve étaient comprises dans ces droits, bien que les pêcheurs de Rouen voulussent s’en défendre. Treize sols et cinq deniers se levaient sur une pièce de saumon, tarif que la Ferme générale modéra en demandant à ses commis de lever cette somme sur un panier de quatre aloses et non à la pièce. Parmi les nouvelles régies établies par le roi : celle des droits sur les marchandises voiturées de Rouen à Paris et de Paris à Rouen créée en 1717 (arrêt du 23 octobre). Deux receveurs, deux contrôleurs et deux peseurs furent établis dans les deux villes, sous la responsabilité des échevins. Cette régie ne fut pas confiée à la Ferme générale. En revanche, la régie des droits réservés fut cédée en 1722 à Martin Girard, lié financièrement à la Ferme. Ce dernier eut bien du mal à faire valoir ses droits sur les bateaux déchargeant au port de Saint-Denis et de la Briche : pas moins de vingt procès-verbaux furent dressés en cinq mois en 1723 contre les marchands qui tentèrent de profiter du statut privilégié de cette banlieue pour faire des entrepôts ; « trois bateaux de charbon d’Angleterre, 377 ballots de papiers et cartons, 12 tonnes de suif d’Irlande, 237 tonnes de soude et goudron, 2 563 pots de beurre salé, 262 caisses de savon, 20 pipes ou barriques d’huile, 26 pièces ou barils d’alun, 11 tonnes ou grandes mannes de sucre, 21 tonneaux ou ballots de mercerie, quincaillerie et épiceries, 300 grands pains de fromage, 4 ballots de coton filé, une barrique et 16 planches de cuivre, 20 pièces d’eau-de-vie, 2000 poignées de morues, et 400 barils de maquereaux salés », d’après l’état certifié de Pogues, directeur des droits à Saint-Denis, demeuraient en instance de paiement en 1723. Or, Saint-Denis entrait bien dans le ressort de la juridiction de Paris comme banlieue et à ce titre, les bureaux de Martin Girard furent maintenus.

  Les droits de rivière taxaient les vins et les eaux de vie du bassin fluvial à diverses conditions. Le « grand droit de Picardie » par exemple, se levait sur les vins du cru des rives de la Seine, de l’Oise, de l’Andelle, de l’Eure et de l’Iton, quand ils étaient destinés à la Picardie et à la Normandie. Ce droit était difficile à lever. Il fallut établir des états de paroisses (13 avril 1745) mais malgré cette disposition, la fraude persistait. En 1755, Louis XV supprima ces droits de rivière quand ils étaient transportés par charroi (sauf si le vin était destiné à Rouen car dans ce cas, il devait être levé sur les tonneaux des droits d’entrées). Cette décision fut justifiée par le souci de faire cesser les nombreuses contestations. Il s’agissait aussi d’encourager la production viticole. La Ferme générale donna son accord. Notons que les vins voiturés par la rivière (et non par charroi) demeuraient taxés à quatre livres 9 deniers par muid de vin, et déclarés aux nouveaux bureaux de Pîtres et Les Damps, à proximité du Pont-de-l’Arche. Meulan, Mantes, Poissy et Conflans complétaient le dispositif de bureaux en aval. En amont de Paris, on les trouvait à Charenton, Choisy-le-Roi, Villeneuve-Saint-Georges, Ablon, Corbeil, Melun, et Montereau.

  Aux abords de Paris, les denrées et marchandises étaient sujettes à de nombreux péages hérités des droits seigneuriaux et ecclésiastiques, à Mantes, à Poissy(au profit de Notre-Dame de Poissy et de la maison de Bouillon), à Conflans, à Maisons (au profit de l’abbaye d’Abbecourt), au Pecq (au profit du marquis de Brissac), à Saint-Denis enfin où l’abbaye disposait encore de divers droits, notamment sur les poissons. Saint-Denis marquait l’entrée dans la capitale et disposait donc en outre d’un des 29 bureaux des droits d’entrées de Paris. La fiscalité royale dans la capitale portait davantage sur la consommation que sur la circulation. Pour compléter le dispositif de la barrière d’octroi, trois pataches étaient disposées sur la Seine : une en aval : à l’est du bac des Invalides (rue actuelle de Esnault-Pelterie) ; deux en amont : sous l’Arsenal (pont d’Austerlitz) et au bac de la Râpée. Dans le dernier tiers du XVIIIe siècle, le produit des droits d’entrée à Paris atteignait 36 millions de livres (les boissons représentant plus de 55% des taxes parisiennes). Pour la Ferme qui espérait un revenu de 48 millions, le manque à gagner de 12 millions résultait notamment des stratégies d’évitement : comme pour la ville de Lyon, les droits sur les boissons et autres droits d’aides engageaient les cabaretiers à s’installer à l’extérieur de la capitale. Bercy, Conflans, Charenton-le-Pont, à la confluence de la Marne, accueillaient les nombreuses auberges. L’approvisionnement de la ville provoquait l’encombrement des ports (port au vin, au blé, aux poissons, au charbon de bois et de terre…), ce qui nécessita l’organisation de gares d’attente en amont, à Choisy-le Roy ou à Villeneuve-Saint-Georges notamment.

  Le trafic en amont: A la « descente », les marchandises entraient dans le ressort des Cinq grosses fermes par les bureaux de Mussy, Gyé sur Seine, Troyes et Nogent (direction de Langres). Le trafic des vins de Bourgogne, des grains, des pondéreux… s’intensifia de sorte que des gares d’attente furent organisées à Choisy-le Roy ou à Villeneuve-Saint-Georges pour éviter l’encombrement des ports de Paris (Reynald Abad). Cette intensification des échanges dans le bassin versant provoqua l’intérêt de divers affairistes. Considérant que “dans les bonnes années, on peut récolter dans la Direction des aides de cette ville (Bar sur-Seine), cent cinquante mille muids de vins, jauge de 240 pintes de Paris”, un dénommé Leriche proposa de former une compagnie pour l’exploitation de la navigation fluviale, tablant sur un coût de transport par eau autour de 9 à 10 livres le muid, au lieu de 20 à 22 livres par voie terrestre. Leriche considéra, outre les vins et les eaux-de-vie, le transport des fers du pays de la Montagne, celui des bois exploités à Marcilly, les grains, les chanvres, la laine… (1787).





Sources et références bibliographiques:

    Sources archivistiques:
  • AN, G1, pièce 17 ter : Direction des traites de Rouen : tableau des receveurs et employés existants dans les bureaux des fermes du département de Rouen au 1er octobre 1785.
  • AN, G1 98.
  • AN, G1 91, dossier, dossier 26 : « Salines du département de Rouen », 1727.

    Sources imprimées:
  • Arrêt du Conseil d'Etat portant règlement pour la régie et perception des droits de 3 livres et 45 sols par charroi, fixés par l'ordonnance à 7 livres par muid mesure de Paris, sur les vins du crû des vignobles des villes, bourgs et paroisses comprises dans les 8 lieues des environs des rivières de Seine, Andelle Eure, Iton, Oise et du Terrein, qui seront transportés dans les provinces de Normandie, Perche et Picardie et autres lieux, 13 avril 1745.
  • Arrêt du Conseil d’Etat concernant la navigation de la Seine, depuis Paris jusqu'à Rouen et retour, 19 janvier 1778.
  • Arrêt du Conseil d’Etat du roi qui déclare n'avoir entendu exempter du droit de consommation le poisson de mer pêché dans la Seine et porté à Rouen ordonne que les aloses et autres poissons de mer, quoique pêchés dans ladite rivière, acquitteront le droit à raison de 13 sols 5 denier par panier de quatre aloses et ainsi à proportion, 12 avril 1740.
  • Arrêt du Conseil d’Etat et lettres patentes sur iceluy, qui supprime à commencer du 1er octobre 1756, la perception des droits de 3 livres et 45 sols fixés par l'ordonnance de 1680 à 7 livres par muid de vin, vulgairement appelé le grand droit de Picardie…, données à Versailles, le 30 décembre 1755.
  • Arrêt du Conseil d’Etat qui casse la sentence des élus de Chalons du 8 juin précédent et maintient l’adjudicataire des fermes générales dans le droit de percevoir le droit de 6 livres 15 sous par muid d'eau-de-vie, 5 mai 1772.
  • Arrêt du Conseil d’Etat qui permet l’entrée des drogueries et épiceries par le port du Hâvre-de-Grâce, 6 mars 1736.
  • Arrêt du conseil d'Etat qui ordonne que les droits rétablis seront perçus dans la banlieue de Paris, et condamne plusieurs particuliers de la ville de Saint-Denis et autres à payer ceux dus pour les marchandises qu'ils ont fait décharger dans les ports de Saint-Denis, la Briche et Maison de Seine, 6 septembre 1723.
  • Arrêts du Conseil d'Etat, des 14 juillet 1722 et 28 juin 1723 (affaire Beaugrand vs Langlois).
  • Délibération de MM. les fermiers généraux pour l’établissement d'un bureau au port du Pecq, au sujet des déclarations des marchandises de Salines, tant pour être consommées dans le ressort du grenier de Poissy et à six lieues à la ronde, que pour être transportées dans l’intérieur du royaume, 31 décembre 1726.
  • Jean-Louis Moreau de Beaumont, Mémoires concernant les droits impositions en Europe du XIe au XVIIIe siècle, t. 3, Paris, Imprimerie royale, 1769, p. 521-522.
  • Leriche, Avis au spéculateurs patriotes ou Mémoire pour l’établissement d’une nouvelle navigation sur la rivière de la Seine, 1787.
  • Lettres patentes sur arrest du Conseil ci-inclus, du 23 octobre 1717, servant de règlement pour la régie des droits sur les marchandises voiturées par eau de Rouen à Paris et de Paris à Rouen, sur les rivières de Seine et d'Oyse, données à Paris, le 7 décembre 1717.


    Bibliographie scientifique:
  • Gustave Guilmoto, Etude sur les droits de navigation de la Seine de Paris à La Roche-Guyon du XIe au XVIIIe siècle, Paris, A. Picard, 1889.
  • Léon Cahen, « Ce qu'enseigne un péage du XVIIIe siècle : la Seine, entre Rouen et Paris, et les caractères de l'économie parisienne », Annales d'histoire économique et sociale. 3ᵉ année, n.12, 1931, p. 487-518.
  • Pierre Dardel, Navires et marchandises dans les ports de Rouen et du Havre au XVIIIe siècle, Paris, Sevpen, 1963.
  • Pierre Gaxotte, « On passe et on repasse les ponts », dans Paris au XVIIIe siècle, Paris, Arthaud, 1982, p. 135-167.
  • Jean-Pierre Bardet, Rouen au XVIIe et XVIIIe siècles : les mutations d’un espace social, Paris, SEDES, 1983.
  • Vida Azimi, Un modèle administratif de l’ancien régime. Les commis de la Ferme générale et de la régie générale des aides, Paris, éditions du CNRS, 1987  p. 28-29.
  • Anne Conchon, « Droits de péage et pouvoirs sur la rivière (XVIIe et XVIIIe siècles) », Hypothèses, 1997-1. p 83-88.
  • Isabelle Backouche, La trace du fleuve. La Seine et les Parisiens (1750-1850), Paris, Éditions de l'EHESS, 2000.
  • Reynald Abad, Le grand marché. L’approvisionnement alimentaire de Paris sous l’Ancien régime, Paris, Fayard, 2002.
  • Jacques Bottin, « De la toile au change : l’entrepôt rouennais et le commerce de Séville au début de l’époque moderne », Annales du Midi, t. 117, n°251, 2005, p. 323-345.
  • Archives sonores : Gens de la Seine : gensdelaseine.com, notamment 2 : « Les voyageurs du port Saint-Paul » et 3 : « les voituriers ».




Citer cette notice:

Marie-Laure Legay, « Seine (bassin de la) » (2023) in Marie-Laure Legay, Thomas Boullu (dir.), Dictionnaire Numérique de la Ferme générale, https://fermege.meshs.fr.
Date de consultation : 20/05/2024
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