Marie-Laure Legay
Notons que des bandes originellement organisées
pour le faux-saunage pouvaient se transformer en «
Mandrin » : nous repérons dans les archives du Rhône de
tels contrebandiers, « huit à neuf bien montés et armés de
fusils à deux coups, ayant des valises offrant de
l’indienne et se disant enfants de Mandrin », qui
pratiquèrent le rançonnage en juin 1756. Or, d’après le directeur des fermes de Lyon, il s’agissait de
faux-sauniers de l’Auvergne. L’incident révèle la postérité du célèbre
bandit. De fait, la décennie 1760
connut encore d’importants épisodes de banditisme
aux frontières de l’est du royaume. Pour le contrer, Louis
XV autorisa les Fermiers généraux à mettre sur pieds des
troupes de cavaliers habillés, armés, montés uniformément
et composés de sujets d’élite. Choiseul donna des ordres
aux intendants pour que ces nouvelles brigades fussent
fournies en vivres et fourrages, des armes. L’une de 100
hommes fut établie dans le Dauphiné, l’autre de 50 hommes en Franche-Comté. Cette collaboration militaire resserra plus
étroitement encore les liens de la compagnie des Fermiers,
subrogée dans les droits du roi, avec l’Etat. Le trafic
international illégal de tabac ou d’indiennes ne
fléchit pas pour autant, mais le phénomène de bandes prit
un tour politique. Les événements survenus entre Sedan et Bouillon en 1776-1777
témoignaient d’une attitude de défi qui mettait en
cause les autorités au-delà de la seule question
douanière.
Sources et références bibliographiques:
Marie-Laure Legay, « Bande, banditisme » (2023) in Marie-Laure Legay, Thomas Boullu (dir.), Dictionnaire Numérique de la Ferme générale, https://fermege.meshs.fr.
Date de consultation : 20/05/2024
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