Lorraine
Produits bruts (en livres, argent de France) des droits levés en Lorraine
(AN, G1 131, « Mémoire sur les droits de Lorraine, 1773)
Les conditions
de vente du tabac furent
calquées tardivement sur celle de France à partir de
l’édit de nombre 1771. Les
recettes brutes pour cette vente s’élevèrent alors à
1 100 000 livres. Quant aux droits domaniaux, il fut
rappelé en 1773 que le roi de
France possédait une grande quantité des fiefs en
Lorraine, de sorte que les droits des
domaines fixes et corporels s’y trouvaient affermés à
hauteur de 780 000 livres en 1773, somme à rapprocher de ce que ces mêmes droits
rapportaient dans le reste du royaume (1 091 873
livres).
Vis-à-vis des traites, la Lorraine était
considérée « pays à l’instar de l’étranger effectif». Les
marchandises ne réglaient donc pas le tarif de France en
entrant et en sortant vers l’Allemagne. Toutefois, d’anciens droits de
« péage » se levaient sur les marchandises qui passaient
d’une enclave à une autre, de sorte que le commerce était
fortement entravé. Cinq droits différents subsistaient :
le droit de haut-conduit d’entrée et sortie sur les
voitures et bêtes de somme, levé depuis 1597 et selon des modalités révisées en août
1704 ; un droit d’entrée
et issue Foraine sur les
marchandises, selon un tarif défini en décembre 1704 ; un droit de traverse
établi en 1615 ; un droit
particulier sur les toiles
établi en 1629 ; un droit
d’acquit à caution. Le
contrôle des voitures de commerce nécessitait plus de 700
postes, presque un dans chaque village. En plus, le traité
de Paris signé en 1718 avec le
duc de Lorraine
établit une ligne de bureaux qui, sans être régis par la Ferme générale, mais
placés sous l’inspection de l’intendant de Metz, formait une barrière pour
les marchands qui devaient notamment faire leurs
déclarations et plomber leurs ballots aux bureaux dressés
à cet effet sur la route de Verdun (Mouzon, Consenvoye, et
Verdun), sur la route d’Arlon (à Longwy), de Luxembourg (à
Thionville), le long de la Moselle à Sierck, sur la voie
d’eau de la Sarre à Vaudrevange, à Metz pour la route de
Francfort à Metz, à Teting sur la route de Sarrebruck par
Saint-Avold, et un à Vic (Vic-sur-Seille) pour la route de
Haute-Lorraine
(article 62 des Lettres patentes de 1718). Le coût de ce contrôle réduisait la
recette brute de plus du quart : en 1773, les droits rapportaient brut 201 000
livres, mais 150 000 livres net. Il fut régulièrement
question de supprimer ces anciens droits. Dans un mémoire des années 1770 conservé en
G1 132, on peut lire : « les droits de haut conduit,
traverse, issue foraine, acquit à caution et impôts sur
les toiles, quoique justes dans leur principe et d’un
modique objet, n’en sont pas moins fatiguant pour le
commerce ; ils sont fixés sans proportion ; le nombre de
bureaux est infini, il y en a dans presque tous les
villages frontières à cause du mélange des deux
dominations et des terres d’empire. L’obscurité des
ordonnances en rend la régie très difficile et par la
modicité des droits et par la multiplicité des
préposés ».
De modiques droits équivalents aux droits de
barrage de Paris se levaient en outre aux portes de Nancy.
Enfin, on ne doit pas omettre l’importance de la recette
de la régie Jean-Baptiste Fouache sur l’amidon, les poudres,
papiers et cartons et
marques de fer : divisée en
deux directions (Metz et
Nancy), cette régie leva 671 660 livres par an tant par
exercice que par abonnement vers 1773.
Sources et références bibliographiques:
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Sources archivistiques:
- AN, G1 93B, Atlas des salines de Lorraine et de Franche-Comté, planche 5 « Routes des entrepôts des sels de Lorraine», vers 1755.
- AN, G1 131, dont Déclaration du roi (Stanislas, roi de Pologne grand-duc de Lithuanie… duc de Lorraine et Bar faisant bail des fermes générales des domaines, gabelles, salines, tabacs, autres droits de Lorraine Barrois à Jean-Louis Bonnard pour six années qui commenceront le 1er octobre 1756, donnée à Lunéville le 6 novembre 1755, 64 pages dont « Mémoire sur les droits de Lorraine », vers 1773 dont dossier 3 sur la régie Fouache.
- AN, G1 132, dossier 1 sur le projet de régie pour la vente des sels à l’étranger dossier 4 sur le droit de Haut-Conduit.
-
Sources imprimées:
- Lettres patentes pour l'exécution du traité conclu à Paris le 21 janvier 1718 entre le Roi et le duc de Lorraine, en conséquence du traité de Ryswick, du 30 octobre 1697, données à Paris le 11 février 1718.
- Lettres patentes du roi, permettant aux commis de Lorraine et de Bar de poursuivre les contrebandiers sur les terres du royaume, 4 février 1738.
- Arrêt de la Cour des aides qui confirme avec amende et dépens, deux sentences de la juridiction des traites de Langres par lesquelles le nommé Cerf d'Alsace entrepreneur de la fourniture des étapes aux troupes du roi et Antoine Lallemant son voiturier, ont été condamnés en 300 livres d'amende et en confiscation de 4 muids de vin, 15 décembre 1752.
- Arrêt du Conseil d’Etat du Roi, et lettres patentes sur icelui, qui autorisent les employés des fermes de Lorraine Barrois à arrêter les contrebandiers sur les terres de France, Versailles, 9 avril 1754.
- Recueil des édits, ordonnances, déclarations, tarifs, traités, règlements et arrêts sur le fait des droits de haut-conduit, entrée et issue foraine, traverse, impôt sur les toiles et acquits à caution de Lorraine et Barrois, avec une instruction pour les receveurs des droits de la marque des fers, Nancy, Leseure et Drouin, 1757.
-
Bibliographie scientifique:
- Marie-Thérèse Allemand-Gay, « Les remontrances fiscales en Lorraine », dans Etat, finances et économie pendant la Révolution française, actes du colloque d’octobre 1989 tenu à Bercy, Paris, CHEFF, 1991, p. 11-41.
- Pierre Boyé, « Le budget de la province de Lorraine et Barrois sous le règne nominal de Stanislas (1737-1766), d'après des documents inédits », thèse pour le doctorat en droit, Impr. Crépin-Leblond, 1896, quatrième partie, chapitre 1 : « La comptabilité domaniale et la Ferme générale ».
- Pierre Boyé, Les salines et le sel en Lorraine au XVIIIe siècle, Nancy, 1904.
- Charles Hiegel, « L’industrie du sel en Lorraine du IXe au XVIIe siècle, Thèse de l'Ecole des Chartes », 1961.
- Michel Dorban, « Un aspect du commerce Luxembourgeois au XVIIIe siècle : le sel lorrain », Annales de l’Est, n° 2, 1975, p. 143-155.
- Carole Perceval, « La législation du tabac sous l'Ancien Régime, Ferme Générale et contrebandiers en France et en Lorraine » DEA, Université de Nancy Il, 1997.
- Pierre Vicq, « Une prise de pouvoir de la Ferme générale de Lorraine : bois des salines et faux-saunage de 1698 à la Révolution », thèse de doctorat en droit, Nancy, Université de Nancy 2, 1998.
- G. Clause, « La contrebande du sel entre Lorraine et Champagne à la fin de l’Ancien régime », dans Jean-Claude Hocquet (dir.), Le roi, le marchand et le sel, Lille, PU Lille, 1987, p. 201-206.
- François Lormant, « La question fiscale du sel au temps de Louis XIV et de Vauban : la gabelle et le faux-saunage en Lorraine », HAL, id : hal-02170889.
- Julien Villain, « Les marchands ruraux et la commercialisation des campagnes dans l’Europe du XVIIIe siècle. Le cas de la Lorraine centrale et méridionale », Histoire et Sociétés Rurales, 2021, 1, p. 43-84.
Lorraine » (2023) in Marie-Laure Legay, Thomas Boullu (dir.), Dictionnaire Numérique de la Ferme générale, https://fermege.meshs.fr.
Date de consultation : 22/12/2024
DOI :