Eaux-de-vie
Les
eaux-de-vie issues des terroirs bretons, normands,
charentais, girondins… s’exportaient à l’étranger en
quantités de plus en plus importantes. Ce commerce fut
protégé par un droit de sortie faible (supprimé par l'arrêt du 13 juillet 1785) et un droit d’entrée
dans le royaume élevé. Certes, l’arrêt du 29 octobre 1687 augmenta les droits de
sortie à Marans, mais il fallait, dans ce cas précis,
empêcher que ce lieu ne servît d’entrepôt aux eaux-de-vie
de Saintonge au préjudice des droits de Traite de Charente. Dans la
plupart des bureaux de sortie, le droit s’établit à quatre
livres le muid, et en 1784,
Louis XVI supprima les droits de sortie sur toutes les
eaux-de-vie exportées. A l’entrée, le droit fut augmenté :
fixé à six livres quinze sols par muid en 1687, ce
droit monta à 24 livres le muid à la fin de l’Ancien
régime. Les formalités de transport à travers le royaume
donnèrent lieu à de nombreuses contestations liées au
régime fiscal des provinces traversées. En Picardie, une législation particulière se développa:
les fermiers des aides contractèrent en
1698 des traités avec les marchands
d’Amiens, d’Abbeville, Saint-Valéry, Saint-Quentin pour
limiter les formalités des droits dus (détail, gros, entrées) en unifiant
le paiement à l’arrivée dans la généralité. Le
règlement attendu était de 54 livres le baril de 27
veltes (ou setier mesure de Paris), à charge ensuite
par le fermier de restituer une partie des droits
selon la destination finale des chargements. Il fut en outre établi un bureau de correspondance à
l’hôtel des fermes à Paris
pour suivre ces formalités de transport (Lettre patentes
du 2 mars 1728 et instructions
du 4 juin) avec les directeurs principaux. Des états mensuels des eaux-de-vie
enlevées dans les directions à destination de provinces
voisines furent compilés à Paris en registres sommiers
pour suivre les soumissions, déclarations, quantités,
destinations des barils d’eaux-de-vie à travers tout le
royaume.
Sources et références bibliographiques:
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Sources archivistiques:
- AN, G1 79, projet de tarif pour les traites, non daté.
-
Sources imprimées:
- Ordonnance de Louis XIV, Roy de France et de Navarre, sur le fait des entrées, aydes, autres droits, Fontainebleau, juin 1680, p. 123-125.
- Arrêt du Conseil d’Etat portant règlement pour l'entrée des eaux de vie par mer dans la province de Normandie, Paris, chez la veuve Saugrain, 1714.
- Arrêt du Conseil d’État sur la saisie et vente d’eaux-de-vie, 11 août 1739.
- Arrêt du Conseil d’État sur les eaux-de-vie des pays étrangers, 11 septembre 1742.
- Arrêts du Conseil d’État déboutant les comtes d’Ars et de Ségonzac, et autres gentilshommes du Poitou, de l’Aunis, de la Saintonge et de l’Angoumois, de leurs oppositions aux règlements concernant les eaux-de-vie et portant que lorsqu'ils en fabriqueront, ils seront soumis à la visite des commis, 12 avril et 20 mai 1746.
- Arrêt du Conseil d'Etat qui modère à 40 sols et les 4 sols pour livre les droits de 35 livres 8 sols fixés par l'édit de 1686 sur les eaux de vie passant de bout par l'élection de Paris, en faveur de celles destinées pour les provinces de Normandie, Picardie, Flandres Artois et Soissons, 10 février 1756.
- Arrêt de la Cour des aides qui infirme une sentence des élus de Saint-Quentin prononce la confiscation d'une pièce d'eau-de-vie trouvée sur le Cambrésis, mais qui avait nécessairement emprunté le passage sur la province de Picardie sans qu'on eut payé le droits de gros condamne la partie en l'amende de 100 livres et aux dépens, 30 avril 1759.
- Arrêt du Conseil d’Etat portant exemption de droits pour les eaux-de-vie qui sortiront du royaume, avec liberté de distiller les lies et les marcs de raisin, 21 juillet 1784.
- Jean-Louis Lefebvre de Bellande, Traité général des droits d’aides, vol. 1, Paris, chez Pierre Prault, 1760, p. 248-268.
- Edme-François Darigrand, Mémoire sur les eaux-de-vie pour plusieurs marchands épiciers de Paris, faisant le commerce de Paris en gros, Paris, 1764.
- Edme-François Darigrand, Mémoire pour les maîtres et gardes de l’épicerie sur les fraudes qui se commettent aux entrées de Paris, les causes de ces fraudes, le moyen de les détruire, Paris, P.G. Simon et N. H. Nyon, 1785.
Eaux-de-vie » (2023) in Marie-Laure Legay, Thomas Boullu (dir.), Dictionnaire Numérique de la Ferme générale, https://fermege.meshs.fr.
Date de consultation : 21/11/2024
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