Sac, sacquerie
Les contenances variaient selon les
régions et les types de sel. Dans le gouvernement de Brouage et de l’île
d’Oléron, on tolérait l’usage des sacs pour transporter à
cheval le sel des marais jusqu’au bord des canaux ; le
versement dans les barques devait toutefois se faire au
boisseau mesure de Brouage. De plus, on fixa la contenance des sacs à 4 boisseaux (4
boisseaux et demi pour l’île d’Oléron) et les commis
étaient autorisés à faire des vérifications. Pour le sel
gris, le roi ordonna de le contenir dans des sacs d’une
rasière du poids de marc de 250 livres ou d’une
demi-rasière de 125 livres. En général, la fourniture de
ces sacs était à la charge du voiturier. Les contrats de
voitures indiquaient
les conditions de transport du sel du magasin de la Ferme
aux greniers. Celui signé
en 1640 à Carcassonne précise
que le sel devait être mis « dans de bons sacs neufs,
cousus de bonnes coutures, l’un en dedans, l’autre en
dehors, et bien bordés à la gorge, garnis de bonnes
ficelles pour les tenir bien serrés et liés, de sorte
qu’il ne puisse ni sortir ni se répandre ». Une fois
remplis, les sacs étaient fermés par deux commis avec une
corde torsadée et scellés à coups de marteau par le vérificateur, puis
emportés pour être voiturés dans les greniers. A l’arrivée à
destination, les sacs étaient de nouveau comptés et leur
nombre comparé à celui porté dans les lettres de voitures. Après
déchargement, les sacs vides étaient regroupés en paquets
cachetés avant d’être mis à tremper dans la rivière afin
d’en faire disparaître toute trace de sel. La question de
savoir qui devait porter le coût des sacs, des marchands
ou de la compagnie, s’est posée au début du XVIIIe siècle.
Lorsque la Compagnie des Indes devint adjudicataire des Fermes, elle négligea de faire la fourniture
des sacs dont elle était chargée, ce qui donna lieu à des
versements. Louis XV entreprit donc, au moyen d’une
diminution des droits, d’en laisser la charge aux
marchands et voituriers. Telle fut la décision prise en
1722 pour le transport du
sel gris issu des ports
septentrionaux.
La sacquerie désignait le local où l’on
entreposait les sacs utilisés pour le transport des sels,
en général près des dépôts
d’approvisionnement situés aux embouchures de la Loire
(Nantes), de l’Orne (Caen), de la Seine (au Havre, à Honfleur et à Dieppedalle près de Rouen) et de la
Somme (Saint-Valéry), mais aussi en différents endroits de
pays de gabelle. La plus
importante se situait à Nantes. Elle fit l’objet d’une
description par Félix-Anne Gayot de Belombre dans son
Procès-verbal des départements
de Nantes et de Montaigu pour les Fermes
générales: « La Ferme a un magasin général à Nantes que
l’on nomme la Sacquerie. Cet endroit, qui est loué 1 250
livres par an, consiste en deux chambres au premier et
autant au second qui servent à loger le commis général. Au
troisième est une chambre où travaillent quantité
d’ouvrières que l’on occupe à raccommoder les sacs. Il y
a, au premier et au second, de forts beaux magasins qui
servent à renfermer les toiles qui sont fournies par
l’entrepreneur, et les sacs qui en sont faitz, lesquels
sont ensuite délivrez aux voituriers qui chargent du sel
pour le fournissement des greniers ». La sacquerie de
Rouen, située précisément à Dieppedalle, était également
importante car on entreposait là les sels de Marennes, de la
Tremblade et de Sendres à destination de Paris et de toute
la France. L’estimation effectuée en 1781 de tous les sacs, sacs de rebut,
bâches, bannes de toiles, bannaux, grés et ustensiles de
la sacquerie de Dieppedalle fit état d’un montant de
291 338 livres ; celle de Eu fut estimée à 12 088 livres
la même année ; celle d’Amiens à 2 127 livres… A
Saint-Valery sur Somme, où l’on réceptionnait le sel à
destination de la Picardie, on comptait dans la sacquerie à la fin de
l’ancien régime « 27 933 sacs de qualités diverses, 20
pièces de toile neuve pour faire des sacs, 14 banneaux
pour bateaux à 6 livres pièce et 50 banneaux pour voiture
à 13 livres 10 sous, 508 banneaux divers, 300 livres
pesant de ficelle ».
Sources et références bibliographiques:
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Sources archivistiques:
- AN, G1 91, Délibération du 8 août 1760 concernant les emplacements des greniers à sel, article XXIX.
- AD de l’Aude, 3E 1800, f° 292 V°, étude Barsalou, 1640.
- AN, G1 98 voitures des sels.
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Sources imprimées:
- Arrêt du conseil d’Etat servant de règlement pour le transport du sel gris qui sera enlevé des ports de Dunkerque, Calais, Boulogne et Etaples, pour être transporté et raffiné dans les provinces d’Artois, Flandres, Cambrésis, Hainault et Boulonnais, 16 juin 1722.
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Bibliographie scientifique:
- Jean-Claude Hocquet, « Conditionnement et mesure du sel en Europe sous l’Ancien régime », Histoire et Mesure, vol. 2, 1987, p. 41-53.
- J. Delattre, « La suppression à Saint-Valéry des impôts indirects de l’Ancien régime », Société d’émulation historique et littéraire d’Abbeville, 1968, p. 262.
Sac, sacquerie » (2023) in Marie-Laure Legay, Thomas Boullu (dir.), Dictionnaire Numérique de la Ferme générale, https://fermege.meshs.fr.
Date de consultation : 22/12/2024
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