Compagnie des Indes orientales
Pour favoriser le commerce de l’Inde, l’édit de création
d’août 1664 exemptait la
compagnie des droits d’entrée sur les marchandises
nécessaires à la construction des navires (article 43) ou
destinées à l’étranger (article 44), à la charge d’être
entreposées à leur arrivée. Le roi soutint fiscalement la
compagnie de commerce par plusieurs avantages dont
certains heurtaient les privilèges institués.
La compagnie eut par exemple le droit de faire
entrer les vins à La Rochelle, ville
qui disposait pourtant du privilège de ne faire
entrer que les vins de sa banlieue ; la
compagnie fut par ailleurs exemptée des droits sur le sel
imposés par le grenier du Havre (1665).
En revanche,
la compagnie réglait à la Ferme générale les droits sur
les marchandises destinées au royaume. Si ces dernières
étaient omises du tarif de 1664, elles se trouvaient taxées à hauteur de 3 % de
leur valeur, estimation faite par la Chambre de la
direction générale de la compagnie à Paris. Le comte de
Lauraguais, dans son plan de charge pour douze cargaisons,
établit les droits pour la Ferme générale à 600 000 livres
sur un total de charges de 29 millions (1769). Parmi les marchandises ramenées des
Indes à Lorient, siège de la compagnie, les mousselines et
toiles de coton blanches,
prohibées pour les autres négociants, formaient un trafic
lucratif. Les fausses-marques de
la compagnie des Indes aposées sur les toiles
passées en contrebande depuis la Suisse obligea le Conseil
à durcir les conditions de saisies de ces marchandises pour combattre
la fraude aux droits d’entrée (1766). A la même époque, les
droits sur le café des îles Bourbon et île de France
furent protégés par une surtaxe sur les cafés étrangers, à
l’instar des cafés des îles antillaises. A Lorient même,
les gardes-magasins de la compagnie des Indes
travaillaient de concert avec les commis de la Ferme
générale. L’arrêt du 12 juillet 1672
précisa ces rapports (bail François Legendre) :
les marchandises étaient débarquées et entreposées dans
les magasins de la compagnie « en présence des commis
gardes dudit Legendre ». Des états doubles de la quantité
et qualité des marchandises étaient dressés et les droits
d’entrée réglaient au fur et à mesure des ventes.
Lorsque le monopole prit fin (1769) et que le port de Lorient s’ouvrit à d’autres entreprises de
négoce, un nouvel ordre de régie fut établi pour
régler les modalités des déclarations, tant en gros
qu’en détail, des marchandises par les capitaines de
vaisseaux (17 juillet 1781). L’objectif de cette nouvelle régie
consistait à rappeler au receveur du bureau de Lorient qu’il devait expédier les marchandises
arrivées au port et revendues dans les autres ports par
acquits à caution, et non
par simples passavants,
y compris pour celles qui acquittent par anticipation les
droits des Cinq grosses fermes. La Ferme générale demanda en outre que les gardes
magasins tinssent un nouveau registre dit de « cédés »,
propres aux marchandises du commerce de l’Inde,
c’est-à-dire des registres qui admettent les cessionnaires au même titre que
les adjudicataires de marchandises et qui constatent la
vente des denrées.
Sources et références bibliographiques:
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Sources archivistiques:
- AN, G1 15, Délibération de la compagnie des Fermiers généraux de 1760/contrôleurs de magasin à Lorient.
- AN, G1 80, dossier 21 : Inventaire des marchandises restant en magasin d’après les recensement d’août 1786.
- AN, G1 83, dossier 9 : « Ordre de régie pour Lorient », 1781.
- AN, K 885, n° 1A, Mémoire personnel aux Sieurs Pâris sur les affaires générales où ils furent employés, 1740 K 885 n° 2, Mémoire sur les finances, après 1740 cité par Marc Cheynet de Beaupré, « Joseph Pâris-Duverney, financier d’Etat (1684-1770) », thèse soutenue en 2010 à l’université de Sorbonne Paris 1, tome 1, p. 700.
- AN, KK 1005b : Claude Pâris de la Montagne, Traité des administrations des recettes et dépenses du royaume, Paris, 1733.
-
Sources imprimées:
- Arrêt du Conseil d’Etat passant à la compagnie des Indes le bail des fermes générales consenti à Aymard Lambert moyennant 48.500.000 livres…, premier septembre 1719.
- Arrêt du Conseil d’Etat pour la prise de possession du bail des fermes générales unies, par la compagnie des Indes sous le nom d'Armand Pillavoine, pour neuf ans, 12 octobre 1719.
- Arrêt du Conseil d’Etat fixant le prêt à 1.500.000.000 livres moyennant 45.000.000 livres de rente 3 %, 17 octobre 1719.
- Arrêt du Conseil d’Etat qui ordonne, attendu la délibération de la Compagnie des Indes de régir toutes les fermes de Sa Majesté, que l'arrêt du conseil du 31 août dernier, en ce qui regarde les publications et adjudications des sous-fermes, sera nul et non avenu, 23 septembre 1719.
- Arrêts du conseil d’Etat, qui ordonnent l’exécution dans les port et ville de Dunkerque, des édits, déclarations, arrêts et règlements concernant le commerce de la compagnie des Indes et notamment le privilège exclusif de l'introduction et de la vente du café dans le royaume, 29 novembre 1729 et 17 janvier 1730.
- Arrêt du Conseil d'Etat qui ordonne la saisie et confiscation des mousselines et toiles de coton blanches, marquées soit des plombs et bulletins contrefaits de la Compagnie des Indes, soit de plombs contrefaits et bulletins vrais soit de plombs et bulletins vrais réapposés, 4 novembre 1766.
- Arrêt du Conseil d'Etat qui fixe les droits qui seront perçus, tant à l'entrée qu'à la sortie du royaume, sur les cafés provenant des iles et colonies françaises de l'Amérique et sur ceux apportés du Levant ou provenant du commerce de la Compagnie des Indes, 25 janvier 1767.
- Joseph Du Fresne de Francheville, Histoire de la Compagnie des Indes avec les titres de ses concessions et privilèges, dressée sur les pièces autentiques, Paris, Chez De Bure l'aîné, 2 t., 1746.
- Challaye, Mémoire pour le sieur Dupleix contre la Compagnie des Indes, avec les pièces justificatives, Paris, Leprieur, 1759.
- Louis-Léon-Félicité Brancas, comte de Lauraguais, Mémoire sur la Compagnie des Indes, précédé d'un Discours sur le commerce en général, Paris, Lecomte, 1769.
- André Morellet, Mémoire sur la situation actuelle de la Compagnie des Indes, Paris, Desaint, 1769.
- Balance des services de la compagnie des Indes envers l'Etat, et de ceux de l'Etat envers la compagnie depuis 1719 jusqu'en 1725, Londres et Paris, Des Ventes de la Doué, 1769.
-
Bibliographie scientifique:
- Philippe Haudrère, La Compagnie des Indes au xviiie siècle (1719-1795), Paris, Librairie de l’Inde, 1989.
- Gérard Le Bouëdec, « Les compagnies françaises des Indes et l'économie du pivilège », dans G. Garner (dir.), Die Ökonomie des Privilegs, Westeuropa 16.-19. Jahrhundert, Francfort-sur-le-Main, Klostermann, 2016, p. 465-494.
- Gérard Le Bouëdec et Hiroyasu Kimizuka, « Lorient, grand port de dimension mondiale de la façade atlantique française (1783-1787) ? », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, 126-1, 2019, p. 103-125.
Compagnie des Indes orientales » (2023) in Marie-Laure Legay, Thomas Boullu (dir.), Dictionnaire Numérique de la Ferme générale, https://fermege.meshs.fr.
Date de consultation : 22/12/2024
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