Marie-Laure Legay
Cet esprit
« républicain » des Basques se renforça lorsque Louis XVI
modifia les règles fiscales en renforçant les libertés de
Bayonne et de la rive
gauche de la Nive, tout en réduisant celles dont jouissait
la rive droite de la Nive jusqu’à l’Adour. Certes, il
supprima partout le droit de trente sous par livre sur le
tabac étranger établi en 1749,
ce qui l’obligea à indemniser la Ferme générale pour le
manque à gagner. Mais tout en rassurant les Basques sur
son intention de leur laisser « toute facilité sûreté pour
leur consommation personnelle », il plaça la rive droite
de la Nive sous étroite surveillance. Les employés du
tabac et des traites eurent
défense « d’étendre [leur] police, ni de faire aucune
perception plus loin que la rive droite de la Nive », mais combattirent avec virulence la contrebande
entre la partie franchisée et la partie non
franchisée du pays. Sur la rive droite, ils
procédèrent aux visites
domiciliaires usuelles pour traquer tabacs en fraude et étoffes prohibées à partir des
bureaux de Bardos, Mendionde, Hélette,
Cambo, Saint-Jean-Pied-de-Port, prolongés par les
bureaux de Baïgorry et Arnéguy. Ces mesures vexatoires
provoquèrent la révolte des femmes d’Hasparren et des paroisses voisines. D’après le
Fermier général Denis Henri Fabus Vernand, dépêché sur
place en 1788, ces bureaux
étaient pourtant loin de remplir leurs missions. A
Saint-Jean–Pied-de-Port, il constata : « j’ai trouvé
beaucoup de fausses perceptions, faute d’instruction de la
part du receveur ; il faut un visiteur emballeur dans ce
bureau ; le contrôleur sait à peine écrire et dans ce
moment, il apprend l’arithmétique ». A Arnéguy, il déplora
les abus liés aux permissions que l’on avait accordées aux
marchandises prohibées de
passer en transit. La zone
nouvellement franchisée du pays incluait Bayonne et était conçue
comme un arrière-pays destiné à alimenter le commerce
colonial. Il s’agissait de lutter contre la concurrence
des ports espagnols dont certains, comme Saint-Sébastien,
avaient été franchisés en 1745. Comme le fit encore savoir Vernand en
1788, les rapports avec l'Espagne restaient
"impolitiques". La couronne voisine s’opposait à
l’introduction de la plupart des ouvrages des manufactures
françaises.
Sources et références bibliographiques:
Marie-Laure Legay, « Labourd (pays de) » (2023) in Marie-Laure Legay, Thomas Boullu (dir.), Dictionnaire Numérique de la Ferme générale, https://fermege.meshs.fr.
Date de consultation : 20/05/2024
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