Les bateaux de marchandises faisaient l’objet d’inspection
par les employés de la Ferme générale. Ces visites étaient régies par l’ordonnance de 1687 (article 13 du titre II), l’arrêt du 9 août 1723, celui du 2 septembre 1742 qui imposait une amende de 3 000 livres pour chaque balle trouvée en déficit des déclarations, les arrêts des 2 août 1740 et 27 septembre 1747 qui laissaient aux commis des fermes la faculté de retenir les marchandises pour leur compte. Elles se déroulaient
selon des instructions précises comme celles dressées en
1737 par le Bureau
général de la Direction
des Fermes à Angers. Elles se faisaient le
plus souvent vis-à-vis des bureaux de contrôle
établis sur les fleuves et rivières, comme Pecq,
près de Paris sur la Seine, ou Ingrandes, sur la
Loire en amont de Nantes
… La Ferme générale désignait par commission des
pilotes pour conduire les pataches établis sur les cours d’eau ou en
mer. Les visiteurs vérifiaient les factures, les lettres
de voiture, les acquits et
expéditions des précédents contrôles, mais devaient
surtout examiner en détail les marchandises : sonder les
tonneaux et barriques de vins, liqueurs et eaux-de-vie, « à gauche, à droite et au milieu de chacun »,
compter les balles d’étoffes de laine, soieries…, en
vérifier le poids et la qualité, en déballer quelques-unes
pour voir si les marchands n’y cachaient pas des galons
d’or et d’argent, faire des tranchées dans les cargaisons
de grains, charbons de terre, chaux, huîtres, noix,
oranges, citrons…. et soulever les planches du fond pour
voir s’il ne s’y cachait pas d’autres marchandises…. Ils
vérifiaient la présence de double-fonds ou de doublure,
particulièrement dans les bateaux à fond plat comme la
toue, le fûtreau, la gabarre… Le travail sur les
bateaux-sauniers était encore plus méticuleux car les
visiteurs vérifiaient partout s’il n’y avait pas de poches
de sel : dans les voiles, dans la structure du bateau,
sondée de toute part, dans la cabine ; ils vérifiaient
également sous le bateau en faisant passer une corde.
Chaque sac de sel était soulevé. Dans les bateaux de salines, les visiteurs
devaient apprécier si les poissons n’étaient pas
excessivement chargés de sel en les soulevant par la
queue, vérifier les piles et les claies avec précision…
Ces visites étaient consignées dans les registres et faisaient
l’objet d’un procès-verbal dument signé. Les employés de la Ferme disposaient
parfois de leurs propres bateaux pour effectuer des rondes
de nuit, comme sur la Nive en pays basque, ou en mer sur
les côtes de Normandie.
Un règlement du 17
juillet 1781 établi pour
le port de
Lorient revint sur la distinction à
faire entre les fonctions de visiteur et celles de
contrôleur des quais, en précisant que seul le
visiteur pouvait donner des certificats au dos des
permis de charger et décharger. A Nantes, on insista
davantage sur la création d’un visiteur de sortie capable
de visiter les magasins des négociants et les permis de
charge.