Camargue
A l’époque moderne, l’économie
camarguaise se basait encore sur les nombreux salins
situés à proximité de pays de petites gabelles. Cette région
était commandée par la ville d’Arles, ville franche de
gabelle jusqu’aux insurrections de 1601
à la suite desquelles 1a ville vit réduire son
franc-salé à 40
gros muids, mesure de Peccais en 1603, puis à
seulement 500 émines (soit un peu plus de 20 muids) en
1661. A l’est, on
trouvait les fameux salins de Peccais, achetés par Philippe le Bel, qui
fournissaient tout le Languedoc et au-delà les greniers le long du Rhône, jusqu’en Suisse. Les salins de Badon, propriété de la
communauté d’Arles, se
trouvaient à l’embouchure d’un ancien bras du fleuve. Ils
produisaient entre 20 et 50 000 minots de sel. D’autres
lieux comme le Plan du Bourg ou les Maries alimentaient
également les provinces méridionales du royaume. Tant les
salins de Peccais, Badon et
Maries étaient sujets au droit de
Septem, un droit réuni à la Ferme des gabelles en 1672.
Un mémoire de 1755 sur l’enlèvement du sel
produit en Camargue, indique que trois ruptures de charges
étaient nécessaires sur le trajet : « courtillons ou
gabouillons par les roubines, penelles par le Bras de Fer
puis allèges sur le Rhône jusqu’à Arles ». Encore la
difficulté du transport fut-elle grandement améliorée au
début du XVIIIe siècle : les vieux canaux permettant aux
barques de rejoindre le Rhône par les étangs ont pu être
raccordés au Canal du Midi au niveau de la ville de Sète. L’économie de la Camargue s’ouvrit sur le marché
Atlantique. Les nouveaux aménagements de canaux du Rhône à
l’Océan perturbèrent le cours des eaux et provoquèrent des
crues du Vistre et du Vidourle. Pour protéger les salins,
Louis XV ordonna en 1725 la
création d’un Grau, le futur Grau-du-Roi, canal de vingt
mètres de large entre Aigues-Mortes et la mer, financé par une
augmentation du prix du sel aux greniers.
Sources et références bibliographiques:
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Sources archivistiques:
- AN, G1 88, dossier 11 : rapport sur l’insuffisance des sels, 1775.
-
Sources imprimées:
- Jean-Louis Moreau de Beaumont, Mémoires concernant les droits impositions en Europe, tome 3, Paris, Imprimerie royale, 1769, p. 168-174.
-
Bibliographie scientifique:
- Alain Venturini, « Le sel de Camargue au Moyen Âge : étude comparative des pays d’Aigues-Mortes (Languedoc, royaume de France) et la Camargue proprement dite (comté de Provence, Empire), dans Le sel de la Baie : histoire, archéologie, ethnologie des sels atlantiques, Rennes, PUR, 2006, p. 365-392.
- Patricia Payn-Echalier, « Entre fleuve et mer, le port d’Arles et le delta du Rhône (XVIe-XVIIIe siècle) », Rives méditerranéennes, 35, 2010, p. 29-44.
- Laurence Hérault, La construction du salin moderne : la transformation des salins du Midi de la France, XVIIIe-XIXe siècles, Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, 2010.
- Patricia Carlier, Histoire du sel en baie d’Aigues-Mortes, avril 2019.
Camargue » (2023) in Marie-Laure Legay, Thomas Boullu (dir.), Dictionnaire Numérique de la Ferme générale, https://fermege.meshs.fr.
Date de consultation : 22/12/2024
DOI :