Sel de salaison
Billet pour salaisons,
AD Calvados, 3C 9, grenier de Caen, 1736.
La
difficulté tenait aussi dans le fait que tous les greniers ne délivraient
pas de billets de salaison.
Celui de Langres négligeait cette procédure, ce qui valut
au dénommé Martel la saisie
de 514 fromages par les commis de la Ferme, saisie jugée
vexatoire (1748). Malgré les
instructions, la fraude
perdura. Le cabaretier
Jacques Odillard, sur la paroisse de Roupperoux, fut
condamné à 300 livres d’amende et ces lards salés saisis
faute d’avoir pu présenter son billet aux brigadiers du Mans (1722) ; de même pour Jean Rocher, boulanger de Cossé
en 1725 (arrêt du 13 mai 1727)… Cette fraude ordinaire
bénéficiait de la clémence des juges locaux et de la
compréhension des officiers du grenier qui accordaient des permissions de
conversion du sel d’impôt excédent en sel de salaison, à
l’instar des officiers du grenier de
Pouancé (1724), de ceux du grenier de
Ponteau-de-mer dont les dix sentences de
modération furent cassées par l’arrêt du Conseil du 2
octobre 1731, ou encore du
juge des gabelles de Guise
(1776). Une fois utilisé aux
salaisons, le sel devenu immonde devait être jeté et non
réemployé, sauf circonstances exceptionnelles comme
pénurie pendant la guerre. Les mégissiers qui utilisaient
le sel immonde pour l’apprêt de leurs cuirs furent systématiquement condamnés.
Sources et références bibliographiques:
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Sources archivistiques:
- AN, G1 91, dossier 24 « Note sur les salaisons », s.d..
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Sources imprimées:
- Édit du Roy portant règlement, tant pour la Ferme générale des gabelles de France que pour les peines des faux-sauniers, impost du sel, usage de la tremuye, cheptelliers, regratiers, salaisons en mer, sel blanc de Normandie et d'Artois, etc., donné à Bordeaux en juin 1660.
- Arrêt du Conseil d'Etat qui casse une sentence des officiers du grenier à sel de Bonnetable, condamne le nommé Odillard en 300 livres d'amende faute par lui d'avoir levé du sel au grenier par extraordinaire et d'avoir fait déclaration des salaisons qu'il entendait faire, 18 août 1722.
- Arrêt du Conseil d'Etat qui défend aux officiers des greniers à sel d'accorder aucunes permissions pour convertir le sel d'impôt en grosses Salaisons que du consentement par écrit du commis du fermier, 25 janvier 1724.
- Arrêt du Conseil d’Etat du roy, qui casse dix sentences renduës par les officiers du grenier à sel de Ponteau-de-mer, par lesquelles ils avoient modéré les amendes encouruës par plusieurs particuliers, chez lesquels il a esté fait des saisies de lard salé, faute d'avoir levé du sel pour lesdites grosses salaisons, pour usage de faux sel, 2 octobre 1731.
- Sentence de la juridiction des gabelles qui confisque du sel immonde provenant de Salines de maquereau saisi chez J. Frère, tanneur et hongrieur de Beaumont-sur-Oise, le condamne en 200 livres d'amende et en la restitution des droits de gabelles, 20 janvier 1744.
- Arrêt de la Cour des aides qui confirme une sentence du grenier à sel de Langres, du 10 mai 1748 et juge que le registre des déclarations de grosses salaisons est un simple registre de régie, dont la tenue depend seule du fermier, sans qu'il ait trait à celui ordonné par l'ordonnance des gabelles de 1680, 28 août 1748.
- Arrêt du Conseil d'Etat qui casse et annulle les sentences rendues par les juges des gabelles de Guise, le 18 juin 1776 et leur fait défenses d'accorder aucune permission d'employer en salaison le sel d'impôt, lorsque l'imposition totale de la paroisse n'excédera pas un minot pour 14 personnes, 11 février 1777.
Sel de salaison » (2023) in Marie-Laure Legay, Thomas Boullu (dir.), Dictionnaire Numérique de la Ferme générale, https://fermege.meshs.fr.
Date de consultation : 22/12/2024
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