Marie-Laure Legay
Un tel
différentiel alimentait une contrebande que la Ferme ne pouvait pas
tarir. Les privilèges
obtenus par les lettres de 1776
devaient beaucoup à la démonstration rigoureuse que les
syndics du pays, et notamment Louis-Gaspard Fabry, par
ailleurs subdélégué de l’intendant, firent du peu
d’intérêt que la Ferme générale avait dans le pays : à
peine en tirait-elle une recette de 10 000 livres
annuelles, dont 8 000 pour la gabelle. Les frais de
bureau, pris un à un, grevaient assez largement les
rentrées d’argent. En outre, les Gessiens pratiquaient
l’élevage et la fabrication de fromages. Ils se trouvaient
donc en concurrence avec les producteurs de Franche-Comté et de Suisse,
territoires voisins qui bénéficiaient notamment d’un sel
meilleur marché que celui consommé dans le pays. Par
ailleurs, les habitants de la vallée de Mijoux rattachée
au pays, profitaient de leur proximité avec Septmoncel
(partie de la vallée rattachée à la Franche-Comté) pour frauder le sel de rosières: munis de faux certificats de
domiciliation semblables à ceux accordés pour les
habitants de Septmoncel, ils s’alimentaient en sel à la
fois pour leur consommation et pour les 1 000 à 1200 fromages de chêvre qu’ils
produisaient, soit, d’après la Ferme générale, « une perte
considérable » pour le grenier de Gex. Louis XIV avait déjà accepté en 1714 de réduire le prix du minot de sel au grenier de Gex
pour favoriser la production fromagère locale,
mais la mesure demeura insuffisante pour valoriser le
pays. La solution de 1776
paraissait donc la plus sensée pour équilibrer les
intérêts de la Ferme générale et ceux du petit pays.
Sources et références bibliographiques:
Marie-Laure Legay, « Gex (pays de) » (2023) in Marie-Laure Legay, Thomas Boullu (dir.), Dictionnaire Numérique de la Ferme générale, https://fermege.meshs.fr.
Date de consultation : 20/05/2024
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