Receveur général des fermes
Montants des produits de la recette générale des tabacs de Caen
et des versements à la caisse centrale des Fermes à Paris (1740- 1743)
A la
différence des receveurs généraux des finances toutefois,
ils n’étaient pas associés en corps. La caisse centrale de
la Ferme générale n’était pas « commune » à leurs
intérêts. Leurs états de compte, caisses et rescriptions
étaient rigoureusement suivis par les bureaux centraux qui
les rappelaient systématiquement à l’ordre pour des
retards de versements ou des retards de compte. On ne peut
donc les assimiler pleinement à la haute finance. Prenons
le cas du receveur général des tabacs de la direction de Caen, Pierre Foucques de
Belleville, écuyer, porte-manteau du duc d’Orléans,
seigneur de Cormelles-le-Royal, Saint-Julien, Rupière et
Betheville, puis de son fils : Louis Philippe Foucques de
Belle ville de
Rupière. Le premier exerça dans les
années 1730 à 1750, années au cours desquelles sa
correspondance passive témoigne d’un constant rappel à
l’ordre du bureau de correspondance parisien pour obtenir
ses états mensuels et ses versements à la caisse centrale
d’André Guillaume Gaultier. Sur le tableau ci-dessous,
établi à partir des comptes de Belleville, on constate une
certaine régularité des versements faits à Paris et une
corrélation étroite de ces derniers avec les recettes. Les
retards de Belleville n’étaient guère tolérés : « Vous
étiez en debet, Monsieur, au premier octobre dernier sur
la 3e année de Desboves de 90 359 livres », lit-on dans
une lettre du 29 novembre 1735
; « vous étiés en débit au premier du mois de 226 069
livres », lit-on dans une autre du 22 juillet 1740. Ces rappels étaient vite
suivis d’effet.
L’accumulation des retards de versements risquait
de placer les receveurs sous le coup d’une sentence pour
défaillance. C’est ce qui arriva à Louis Philippe Foucques
de Belleville, fils du précédent. Il fut convaincu du
crime de divertissement pour la somme de 628 522 livres au
paiement de laquelle il fut condamné (sentence de
l’Election du 31 juillet 1782). Pendu par effigie sur la place du marché de Caen, il
fut réhabilité le 30 avril 1788
par la cour des comptes, aides et finances de Normandie. Celle-ci fit biffer l’écrou et condamna la
Ferme générale à 50 000 livres de dommages et intérêts et
en tous les dépens de cause principale et d’appel. La
culpabilité de Belleville demeura donc incertaine. Sans
doute le fils hérita de la dette de son père qui passait
pour faible : « la dureté n’est pas du caractère du sieur
de Belleville, la
ville de Caen quelques autres de la
Province attesteroient mesme que sa complaisance lui a
occasionné des pertes ».
La carrière d’un receveur général
était suivie par la compagnie qui, grâce aux rapports de
visite des fermiers
généraux de tournée, accordait des promotions aux plus
zélés. Le receveur général de la direction de Senlis, Louis Berton, âgé de 44
ans, passé par tous les grades, fut nommé en 1776. Jugé « très bon
comptable, grand travailleur, très entendu, saisissant
avec intelligence toutes les parties de la régie » par
Antoine-Louis Bertin de Blagny, il fut promis à la
fonction de directeur à la suite de l’inspection du
fermier général dans la généralité de
Paris.
Sources et références bibliographiques:
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Sources archivistiques:
- AD Calvados, 2C 1920, 1921, 1922 : procès de Louis Philippe Foucques de Belleville, receveur général des tabacs, 1779-1790.
- AD Calvados, 5C 2 : comptes et correspondance passive de Pierre Foucques de Belleville, receveur général des tabacs.
- AD Calvados, 5C 7 : procès impliquant Pierre Foucques de Belleville.
- AD Rhône, 5C 14, procès-verbal de levée de scellés et description des registres et papiers de feu Pierre Gitton de la Ribellerie, receveur général des fermes du roi à Lyon, au nom de Jean-Baptiste Bocquillon, adjudicataire, 1756.
- AN F4 1946, dossier Amielh de Mérindol.
- AN, G1 15, Délibération de la compagnie des Fermiers généraux du 14 janvier 1760, sur les remises des receveurs généraux.
- AN, G1 88, dossier 15, Etat du produit brut année commune des trois premières du bail Laurent David des recettes générales des grandes et petites gabelles, 1779.
- AN, G1 91, « Rapport des vérifications faites par M. Bertin, fermier général de tournée dans les différentes directions d’aides de la généralité de Paris », 1777.
- AN, G1 111, dossier 3 : Mémoire pour la recette générale d’Espalion, s.d., début XVIIIe siècle.
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Sources imprimées:
- Édit du Roy portant suppression de tous les receveurs des fermes et controlleurs des dépôts, donné à Paris au mois de juin 1717.
Receveur général des fermes » (2023) in Marie-Laure Legay, Thomas Boullu (dir.), Dictionnaire Numérique de la Ferme générale, https://fermege.meshs.fr.
Date de consultation : 21/11/2024
DOI :