Guérande

Marie-Laure Legay

La presqu’île guérandaise, située entre la Vilaine et la Loire, est un pays producteur de sel situé en pays exempt : la Bretagne. Le sel s’y trouvait donc en vente libre. La Ferme générale n’y disposait pas, comme dans le gouvernement de Brouage, d’un accès prioritaire aux salines. Savary des Bruslons estima la capacité de production des salines de Guérande et de la rade de Croisic à 30 000 muids. Depuis le comté nantais, les sels alimentaient les dépôts de Nantes pour la rivière de la Loire et l’approvisionnement des greniers de l’Anjou, Touraine, Orléanais, Berry, Bourbonnais et Bourgogne. Ils étaient également appréciés par les pêcheurs : « Les sels de Guérande et de Ré sont blancs, recherchés pour la pêche à la morue et pour l’exportation, ceux de la Baie sont noirs et de qualité inférieure. Ils sont recherchés par la Ferme générale pour l’approvisionnement des greniers à sel de l’intérieur », lit-on dans mémoire de 1724. Gildas Buron a étudié l’évolution du commerce international de ces sels. Traditionnellement négociés par les Anglais depuis le Moyen Âge, ils prirent dans la deuxième moitié du XVIIe siècle la voie espagnole pour les provinces de Galice et des Asturies, et s’ouvrirent aux marchés de l’Europe septentrionale au XVIIIe siècle. Les ports du Pouliguen et de Saint-Nazaire accueillirent ainsi des navires hollandais d’un tonnage moyen avant que ces derniers ne cédassent le trafic aux navires scandinaves dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle.

Sources et références bibliographiques:

Sources archivistiques:

AN, Marine D 2/55, 24 août 1724.
AN, G¹ 95, dossier 20.

Sources imprimées:

Arrêt du Conseil d'Etat qui déboute les communautés de Guérande et du Croisic, ainsi que les états et procureur général-syndic de Bretagne, de leurs demandes, et ordonne l'exécution de celui du 9 avril 1718, par lequel les sels venant du territoire de Guérande, après avoir passé la prévôté de Nantes, quelle qu'en soit la destination, 30 septembre 1738.
Arrêt du Conseil d'Etat portant règlement pour la jauge des bâtiments qui chargent des sels dans le terroir de Guérande, et Lettres patentes sur icelui, données à Compiègne, 30 juin 1750.
Jacques Savary des Bruslons, Dictionnaire universel de commerce contenant tout ce qui concerne le commerce qui se fait dans les quatre parties du monde, Copenhague, 1759-1765, t. iv, col. 683 (première édition : 1730).

Bibliographie scientifique:

Jean Meyer, « La presqu’île guérandaise au xviiie siècle », Bulletin des Amis de Guérande, Guérande, 1965, n° 12, p. 6-7.
Pierre Lemonnier, Paludiers de Guérande. Production du sel et histoire économique, Paris, Institut Ethnologie 1984.
Jean-Claude Hocquet, « Vivre et travailler au Marais de Guérande », dans Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public, 17ᵉ congrès, L'Europe et l'Océan au Moyen Age. Contribution à l'Histoire de la Navigation, Nantes, 1986, p. 181-200.
Jean-Claude Hocquet et Jean-Luc Sarrazin, Le sel de la Baie : Histoire, archéologie, ethnologie des sels atlantiques en ligne, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2006, dont Gildas Buron, Le commerce des sels de Guérande (XVIIe-XVIIIe siècles), et Claude Bouhier, Le transfert de technologie saunière de Guérande à Noirmoutier au début du XVIIIe siècle.

Citer cette notice:

Marie-Laure Legay, « Guérande » (2023) in Marie-Laure Legay, Thomas Boullu (dir.), Dictionnaire Numérique de la Ferme générale, https://fermege.meshs.fr.
Date de consultation : 22/12/2024
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