Marie-Laure Legay
La « Ferme du Clermontois »
approvisionnait le pays en sel et tabac étranger. Situé à
proximité du Luxembourg
et des Pays-Bas espagnols
(puis autrichiens), les voitures diligentées par cette
ferme locale étaient strictement contrôlées par les
employés de la Ferme de France relevant des directions de
Charleville (bureau de Brieulle sur Meuse, bureau de Beaufort à côté de Jametz, bureau de Mouzon), Châlons-sur-Marne et des Trois-Evêchés (bureaux de Dombale, de Ligny à côté de Dun). Les acquits à caution devaient être pris
au bureau de Givet
pour les tabacs entrant depuis la Flandre, au bureau
de Sedan pour ceux venant de Bouillon,
et au bureau des Quatre-Vents pour ceux d’Alsace et du Palatinat. Les voitures devaient
empruntées des routes déterminées très exactement dans
l’arrêt de 1744. De même, les
expéditions devaient être prises dans les bureaux de la
Ferme générale pour aller d’une enclave à l’autre, tant
pour le sel que pour le tabac. La manufacture de tabac se trouvait à Stenay,
mais le bureau de l’entrepôt général était à Clermont par
exemple, ce qui ne facilitait guère les contrôles.
Un
« bureau du Clermontois », comprenant un directeur, un premier
commis et deux commis, avait été établi à l’hôtel des
fermes à Paris pour correspondre avec les administrateurs
locaux. Lorsque la Ferme générale prit la régie des droits
en 1784, les produits
s’accrurent de plus d’un tiers : « ils surpassent de
beaucoup dans quelques parties ceux que les anciens
régisseurs ont obtenu dans les années les plus
favorables », lit-on dans un mémoire de 1787. De fait, les employés de la ferme
condéenne, polyvalents dans leurs fonctions, c’est-à-dire
à la fois entreposeur de tabac, receveur du sel, des aides ou du domaine… se faisaient
concurrence entre les enclaves. La Ferme générale modifia
le mode de rétribution des employés en réduisant le fixe
et en augmentant les gratifications liées aux excédents,
mais ces derniers calculés sur « l’universalité du
Clermontois ». La vente du tabac, dont le prix était alors
sensiblement égal à celui vendu en Champagne ou dans les Trois-Evêchés,
ne posait pas de problème. En revanche, le sel faisait
l’objet d’un trafic important. Il était payé cinq sols six
deniers la livre dans le Clermontois, mais huit sols dans
les Evêchés et 13 sols en Champagne. De même, le produit des traites dépendait du bon
travail des brigades.
Sources et références bibliographiques:
Marie-Laure Legay, « Clermontois » (2023) in Marie-Laure Legay, Thomas Boullu (dir.), Dictionnaire Numérique de la Ferme générale, https://fermege.meshs.fr.
Date de consultation : 20/05/2024
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