Flandres
Produits des traites en livres tournois (Direction de Lille : Flandre wallonne et Flandre maritime) AN, G1 80, dossier 28 bail Mager 1786-1789, direction de Lille
L’intégration
de la Flandre à l’espace commercial du
royaume se fit progressivement, comme en Alsace, en accordant aux manufactures flamandes un
droit de transit pour
sortir du royaume sans payer les droits des Cinq grosses
fermes par les
bureaux de Bayonne, Septème,
Pont-de-Beauvoisin et Langres notamment (1688-1689), ou en réduisant les droits pour
l’entrée par les bureaux
de Saint-Quentin, Péronne et Amiens.
Par exemple, pour favoriser les dentelles de Flandre
française sur celles des Flandres espagnoles, le Conseil royal prit
l’initiative en 1705 de réduire
les droits sur leur entrée dans le royaume de 25 à 18
livres du cent pesant. Après le traité de commerce
Eden-Rayneval (1786), le
trafic commercial à l’entrée et sortie des Flandres
se consolida et les recettes fiscales y
afférant s’accrurent. La recette des bureaux de traites (hors Domaine d’Occident) de la
seule direction de
Lille (intégrant les bureaux de la
Flandre wallonne et ceux de la Flandre maritime) s’établit comme suit lors du bail
Mager:
Vis-à-vis de
la culture du tabac, la
Flandre wallonne possédait un régime
particulier en vertu duquel les états provinciaux levaient
un droit d’autorisation de culture et exerçaient le
monopole de la vente : Comme ailleurs, l’adoption, en
1749, d’un droit
d’entrée de 30 sols par livre sur les tabacs non destinés
au monopole mit les manufacturiers locaux en difficulté,
ce qui fit dire à Darigrand en 1763 : « Dans les
pays conquis réputés étrangers, tels que la Flandre
où la culture en est permise, à la charge de ne
pouvoir vendre le tabac qu’aux seuls Fermiers, ceux-ci en
donnent un prix si vil qu’ils ont forcé les habitans à
abandonner cette branche du produit des terres. C’est
ainsi qu’en tout sens, la Finance détruit tout ». Outre
les traites, peu d’impôts
indirects étaient effectivement levés dans les Flandres
. Les droits assimilés aux aides étaient abonnés
(droits réservés,
inspecteurs des boissons,
courtiers-jaugeurs, droits réunis…).
Concernant les droits du Domaine, ils firent l’objet d’une sous-ferme avec ceux du
Hainaut et de l’Artois. Les droits de contrôle des actes, insinuations
laïques, centième denier… étaient abonnés (malgré la
tentative de Terray de les rendre effectifs), mais le
sous-fermier levait divers droits sur les boissons (eaux-de-vie, vins, bières, cidres…), les bestiaux, sels et
poissons salés, comme les droits dits « des Quatre
Membres » inclus dans le domaine royal en 1678 et gérés auparavant par le
gouvernement local de Flandre. Les
sous-fermiers
interpellèrent d’ailleurs le Conseil du roi sur
l’exemption des droits sur les boissons reconnue aux commis de la Ferme générale
(arrêt de 1708). Lorsque les
sous-fermes
furent supprimées en 1756, la
Ferme générale les régit directement avant de les vendre
aux Magistrats des Quatre Membres en 1759 pour financer la guerre. Rachetés en
1766, ces droits furent
confiés à une régie intéressée pendant près de quinze ans
puis intégrés pour partie à la régie générale et pour partie à
la Ferme générale comme droits de traites (1780).
En 1784, la province recouvra
ces droits moyennant une avance de dix millions à 4, 5 %
versée au Trésor royal.
Sources et références bibliographiques:
-
Sources archivistiques:
- AN, G1 79, dossier 8 : « Droits d’entrée et de sortie des pays conquis » : « Observations ».
- AN, G1 80, dossier 28 : produits des traites, bail Mager 1786-1789, direction de Lille, direction de Valenciennes.
- AN, G2 24, dossier 2 : « Droits qui se lèvent es Pays-Bas 1672-1728 ».
- AN, G7 1147, Dentelles : arrêts du 22 juin et du 14 août 1688.
- AN, Z1A 214, « Compte unique de Claude Boutet, adjudicataire général ».
-
Sources imprimées:
- Arrêt du Conseil d'Etat qui ordonne qu'à commencer du 1er avril 1705 les dentelles fines ou communes des fabriques de la Flandre française pourront entrer dans les autres provinces du royaume par les bureaux de St-Quentin, Péronne et Amiens, en payant pour tous droits d'entrée 18 livres de la livre pesant, 28 mars 1705.
- Arrêt du Conseil d’Etat qui ordonne que les habitants des villes et lieux soumis à l'obéissance de Sa Majesté, et ceux du pays d'Artois, Cambrésis et Hainaut français continueront de jouir de la liberté du transit, et que le bureau établi dans la ville de Douai sera établi dans celle de Lille, 20 juin 1713.
- Domaines de Flandres et Haynault. Instruction sur les acquits à caution, 1er juillet 1751.
- Instruction sur les droits des fermes générales du roi, dans les provinces de Flandre et du Haynaut, relativement au tarif du 13 juin 1671, arrêts règlemens postérieurs, septembre 1753.
- Arrêt du Conseil d'Etat qui ordonne que Julien Alaterre, adjudicataire des fermes générales, fera, pour le compte de Sa Majesté, la perception des droits de contrôle, insinuation, centième denier et petit-scel, qui avaient été abonnés pour six années aux Etats, magistrats, mayeurs et échevins des provinces de Flandre, Hainault et Artois, 15 septembre 1771.
- Arrêt du Conseil d'Etat qui ordonne la réunion, à compter du 1er octobre prochain, des régies des droits réunis, des greffes, des hypothèques, des droits réservés, des quatre membres de Flandre et des papiers et cartons en une seule régie, sous le titre de régie générale, 3 avril 1777.
- Arrêt du Conseil d’Etat qui permet le transit par les ports de Bordeaux, la Rochelle, Nantes, Saint-Malo et le Havre, tant pour la sortie des ouvrages provenant des manufactures de la Flandre française, pays conquis et cédés, que pour l'entrée des matières premières servant à leur aliment, 18 novembre 1778.
- Arrêt du Conseil d’Etat qui fixe les trois abonnements à payer, à compter du 1er janvier 1782, par la Flandre Wallonne, pour tenir lieu des droits réservés par l'édit d'avril 1768, et de ceux de courtiers-jaugeurs, inspecteurs aux boissons, (etc.) ainsi que des sous pour livre en sus des droits et octrois dont jouit ladite province, 14 mars 1782.
- Darigrand, L’anti-financier, 1763, p. 68.
-
Bibliographie scientifique:
- Jean-Pierre Hirsch, Les deux rêves du commerce. Entreprise et institution dans la région lilloise (1780-1860), Paris, éditions EHESS, 1991.
- Marie-Laure Legay, Les Etats provinciaux dans la construction de l’Etat moderne XVII-XVIIIe siècles, Paris- Genève, Droz, 2001.
- Cédric Glineur, Genèse d’un droit administratif sous le règne de Louis XV. Les pratiques de l’intendant dans les provinces du Nord (1726-1754), Orléans, Presses Universitaires d’Orléans, 2005.
- Marie-Laure Legay, « Un Français à Bruxelles : les réformes comptables de Benoît-Marie Dupuy (1746-1756) », Comptabilités En ligne, 1, 2010, mis en ligne le 10 décembre 2010.
- Philippe Moulis, « Frontières et contrebandes en France du nord 17e-18e siècles », Dix-huitième siècle, 2013/1 (n° 45), p. 541-563.
- Harald Deceulaer, « Violence, magie populaire et contrats transfrontaliers. L’environnement économique, sociale, politique et culturel d’un contrebandier flamand au XVIIIe siècle », dans G. Béaur, H. Bonin, C. Lemercier, Fraude, contrefaçon et contrebande de l’Antiquité à nos jours, Paris, Genève, Droz, 2017, p. 61-89.
- Serge Dormard, Lille au XVIIIe siècle. Une histoire financière, Villeneuve d'Ascq, PU Septentrion, 2024.
Flandres » (2023) in Marie-Laure Legay, Thomas Boullu (dir.), Dictionnaire Numérique de la Ferme générale, https://fermege.meshs.fr.
Date de consultation : 21/11/2024
DOI :